Le siècle des Lumières est un mouvement intellectuel, littéraire et culturel du XVIIIème siècle (1715 - 1789). L'esprit de cette mouvance se fonde sur
l'idée de liberté de l'être humain et la notion de raison, afin de lutter contre toute forme d'oppression, d'injustice et de préjugé.
Indépendances intellectuelle et morale, voilà ce que prône le siècle des Lumières.
Le philosophe de l'époque revendique
l'Homme comme citoyen contestataire, un
être social qui remet en cause moeurs et lois et qui souhaite un monde de paix, de tolérance et de progrès.
Le but de ce courant : bonheur et bien-être matériel.
I. Quelques définitions...
Un ensemble de termes sont à définir afin de comprendre les idéaux des philosophes des Lumières.
L'Homme (du latin
homo) est un individu doté de conscience et de langage, contrairement à l'animal. L'Homme définit tout être doué de raison.
L'individu (du latin
individuus - "indivisible", de
dividere - "diviser") est un
être humain doué de raison, indépendant, autonome, avec des droits.
La conscience (du latin
conscientia, formé de cum - "avec" et de
scienta - "science"), propre à l'Homme, peut se définir comme la connaissance que l'être humain a du monde et de lui-même (pensées, actes, sentiments).
La raison (du latin
ration - "calcul", "compte"), par opposition à la foi, est, comme la conscience, propre à l'Homme et se définit comme la capacité de pouvoir réfléchir, penser et juger.
L'éthique (du grec
ethikos - "moral" ;
ethos - "moeurs"), synonyme de morale, regroupe un ensemble de concepts qui caractérise la bonne conduite à tenir.
L'objectivité (du latin
obiectum - "objet"), par opposition à la subjectivité, est ce qui correspond en tous points à la réalité, sans intervention de l'opinion sensible de l'Homme.
La science (du latin
scientia, dérivé de
scire - "savoir") est la connaissance scientifique reposant sur une vérification théorique et pratique, selon des critères objectifs.
L'empirisme (du latin
empeiria - "expérience", "savoir acquis par l'expérience") est un concept selon lequel la connaissance est fondée sur l'expérience.
Le progrès ( du latin
progressus - "action d'avancer") désigne le développement des choses, un mouvement certain, une marche vers l'avant.
La justice, au sens philosophique, se comprend comme un idéal. C'est un principe universel consistant à récompenser ou à sanctionner l'individu selon le droit, la morale et les vertus d'une société.
La liberté (du latin
liber) est la libre condition de l'homme qui n'est pas privé de ses droits. Par conséquent, il dispose librement de sa personne et participe activement à la vie de la société.
L'égalité (du latin
aequalitas) est le principe selon lequel tous les individus doivent être traités de la même façon.
La tolérance (du latin
tolerantia - "constance à supporter") est un principe de raison où l'individu est capable de supporter les contraintes de la société en vue de la recherche de la vérité.
II. L'arme des philosophes : l'écriture
Pour les philosophes des Lumières, le meilleur moyen de se faire entendre est la littérature sous toutes ses formes.
En
1748, le philosophe, Montesquieu (1689 - 1755) publie son essai De
l'Esprit des lois où il
clame qu'il est contre la peine de mort, concept selon lui absurde et inutile, car cela n'arrête ni les crimes ni les délits.
En
1796, Denis Diderot (1713 - 1784)
remet en cause les lois de son époque en publiant un dialogue philosophique :
Le supplément au voyage de Bougainville.
Entre pamphlet et satire, les écrits s'enchaînent, mais ne se ressemblent pas : on conteste, on dénonce, on s'insurge, on attaque, on se moque... Bref, on s'exprime !
Exemples : Montesquieu (1689 - 1755) -
Lettres persanes (1721) ;
Jean-Paul Marat (1743 - 1793) -
Les Chaînes de l'esclavage (1774).
III. Des prises de position
Des formes littéraires beaucoup plus virulentes naissent également sous la plume acérée des philosophes qui prennent position avec force contre les injustices de la société.
En
1898, Émile Zola (1840 - 1902) prend fait et cause dans
l'Affaire Dreyfus (1897). Il écrit son plaidoyer J'accuse, publié dans le journal
l'Aurore, et
s'engage en faveur des Juifs contre les campagnes de haine antisémite.
Le système politique de l'époque est mis à mal par Marivaux (1688 - 1763) avec son écrit
L'île aux esclaves (1725).
Quant à
Voltaire (1694 - 1778), il écrit son conte philosophique
Candide (1759) où il
dénonce ouvertement la guerre et ses atrocités, sous couvert d'un récit de fiction, bien que très réaliste. Il contre les "optimistes" et déclare : «
Tout n'est pas au mieux dans le meilleur des mondes ».
IV. L'encyclopédie
Le projet de plus grande envergure que les philosophes des Lumières aient jamais réalisé est
l'encyclopédie.
De 1751 à 1772, Denis Diderot (1713 - 1784) et
d'Alembert (1717 - 1783) se sont attelés à cette magnifique publication de
28 volumes.
Grâce à l'encyclopédie, un immense ensemble de connaissances est regroupé et à la portée du plus grand nombre.
C'est une façon pour les philosophes des Lumières d'exposer leurs idées et de les répandre.
Ainsi, fleurissent les académies, les librairies, mais aussi les salons, lieux prisés, notamment par les gens cultivés qui souhaitent se distraire et partager leurs idées.